Avec la description précédente, l'IIT apparaît presque comme un paradis enchanteur, où il fait bon vivre. La vérité est légèrement plus nuancée.
Les exigences en terme de qualité de vie en inde sont bien différentes de celles que pourraient avoir un occidentaux et ce qui pour eux apparaît comme un grand progrès, nous semble parfois tout juste acceptable. Les exemples de l'internat ou du mess sont sûrement les plus frappants. Heureusement, cela choque au début et puis on s'y fait…
Les exigences en terme de qualité de vie en inde sont bien différentes de celles que pourraient avoir un occidentaux et ce qui pour eux apparaît comme un grand progrès, nous semble parfois tout juste acceptable. Les exemples de l'internat ou du mess sont sûrement les plus frappants. Heureusement, cela choque au début et puis on s'y fait…
Nos "Hostels" vus depuis le mess
L'internat :
A première vue, de beaux bâtiments, blancs et neufs (ils ont à peine 5 ans) qui se dressent fièrement vers le ciel !! Finalement, rien d'extraordinaire : lorsqu'on passe la porte principale, on remarque que les finitions ont été bâclées et l'on est surpris par la saleté. Je compris plus tard pourquoi en les voyant repeindre un bâtiment juste en face ou passer la serpillière.
Les chambres de 8m² sont équipées d'un bureau (taillé dans le mur, d'une étagère (elle aussi taillée dans le mur), une chaise et un lit métallique. Si l'on rajoute les barreaux aux fenêtres et le verrou aux portes, on obtient un ensemble très austère : le strict minimum, mais suffisant. Cependant on a plus l'impression d'être dans une prison que sur un campus. Les sanitaires communs ne sont pas mieux lotis, toilettes et lavabos bouchés régulièrement, inondations à répétition, saleté omniprésente, sans même parler des odeurs, répugnantes à l'approche des pissotières… Les deux premières semaines, je n'ai pas vu passer qui que ce soit du service de nettoyage… Heureusement, les choses se sont améliorées depuis, et les parties communes sont maintenant nettoyées toutes les semaines.
Quelle vue !!
Il faut aussi dire que notre rencontre n'a pas été fatale, comme dirait les Inconnus, ou peut-être que si, trop en fait. J'ai débarqué le vendredi 1 aout à 2heures du matin dans ma chambre, un peu hagard quand l'indien qui était passé me prendre à l'aéroport m'a demandé – sans rigoler – si j'avais un matelas. Je lui ai répondu que non, que j'y avais pensé, que le choix avait été long et difficile mais que j'avais préféré prendre mes affaires à la place. J'ai donc dormi de 2h à 7h à même le fer de mon charmant lit avec qui je faisais brutalement connaissance.
Ce n'est que le lendemain que je me suis aperçu que le précédent locataire avait oublié un paquet de chips entamé, une bouteille d'eau vide, quelques pistache et que l'un de ses caleçon séchait encore à la fenêtre… charmant…
J'appris plus tard qu'il n'y avait plus de place dans la Guest House du campus cette nuit là, c'est pourquoi il m'avait directement dirigé vers ma chambre au lieu de me faire passer ma première nuit sur un vrai lit, comme cela se fait normalement… Premier contact avec l'administration indienne, premier d'une longue série… (à venir)
Ma chambre (le bureau et la fenêtre sont juste derrière)
Vient ensuite la vie de l'internat. Je m'attendais à revivre un peu l'expérience que j'avais eue au lycée militaire de Saint-Cyr où j'avais découvert l'esprit communautaire, les soirées inter chambres, la bonne ambiance générale. Ici rien de tout ça, la devise est plutôt "chacun pour soi", même si les étudiants s'entraide pour les cours, ils n'ont aucun respect pour l'autre. La notion de "vie en communauté" leur est complètement étrangère. Il n'est pas rare d'entendre rentrer un groupe riant à gorge déployé à 2h du matin ou encore de surprendre une partie de criquet dans les couloirs à 1h, et encore, quand le garde de l'entrée n'hurle pas dans son micro un truc en tamoul à 5h…
Ma chambre, après amènagement
Le mess :
Le mess principal, l'Himalaya, qui a été inauguré en 2005 s'étend sur 2 étages avec à chaque fois 2 grandes salles à chaque niveau. En théorie, la nourriture n'est pas la même que l'on soit au rez-de-chaussée, 1er ou second (inde du sud, inde du nord, etc.), en pratique c'est toujours du riz en sauce, pimentée de surcroît…
Un plateau repas typique, mmmh !!
Les plats sont tous les jours sans exception les même : riz et sauce midi et soir, avec des chapatis (sorte de crèpes sèches, légèrement brulées), tomates coupées en tranches et yaourt plus ou moins frais comme dessert. En effet, ce ne sont pas de yaourt sous emballage plastique, ils sont directement servis dans une petite gamelle en métal, en self service. Lorsqu'ils passent la nuit ou même seulement la journée à l'air libre, on peut apercevoir la couche supérieure qui a jaunit… Ils resservent sans scrupule un yaourt de la veille ou du matin, alors qu'il a passé de nombreuses heures exposé à l'air libre, et à une température de plus de 30°C; il leur arrive même de les remelanger pour faire disparaître la couche jaune repoussante qui apparaît... Cela reste malgré tout le meilleur moment du repas, et il m'arrive souvent d'en avaler 3 d'affiler !!

Des chapatis toutes chaudes !!
Certaines fois cependant, on peut avoir des chapatis fourré aux légumes (pimentés sinon c'est pas drôle), des bananes et même – c'est arrivé – de la salade de fruit !!! Le matin heureusement, même si ils servent de la semoule/riz/gâteaux pimentés, il y a toujours du pain de mie coupé en tranche, du beurre et de la confiture. Alors évidement, ce n'est pas la confiture française, mais du "multifruit", c'est-à-dire le mélange d'arôme artificiels qui se rapprochait le plus de quelque chose de pseudo-naturel. Il est donc impossible de définir exactement le goût que cela a, mais ce n'est pas trop mauvais !! J'ai d'ailleurs l'impression que c'est du "multifruit" haut de gamme, puisque celui qui nous est servi habituellement quand on voyage fait bien plus chimique !! Sur les 3 repas de la journée c'est mon préféré, surtout que l'on peut boire du lait chaux à volonté !! (le grand luxe) ;)
Même si on peut lui reprocher beaucoup de choses, ce mess a l'immense avantage de servir de la nourriture sûre (sauf peut-être les yaourt veillit…), on peut même y acheter des glaces au vendeur juste devant sans grand risque ! En Inde, c'est quelque chose de très important.
Même eux n'en peuvent plus de la nourriture du mess...
Au final, comme je le dis au début de ce post, on se fait à tout. On prend l'habitude et on n'y pense plus. On finit par ne plus se réveiller en pleine nuit parce qu'un indien à décider de lancer un concours de cri de singe beau milieu de la nuit et on mange au mess tous les jours ou presque parce qu'il faut bien se nourrir que diable !!!